Mélanie de Biasio
Avec son second album « No Deal » paru l’année dernière, la chanteuse belge Mélanie de Biasio est définitivement entrée dans la lumière. Et il était temps pour la native de Charleroi, qui à 35 ans, confirme enfin l’immense potentiel qu’elle avait fait entrevoir lors de la sortie de son opus en 2007. Cette année -là, tous les observateurs de la scène belge étaient tombés en extase devant les compositions crépusculaires de Mélanie de Biasio qui s’était vue décerner quatre étoiles par Jazzman Magazine et un Octave Award, l’équivalent belge des Victoires de la Musique française.
Mais faute d’avoir enfoncé le clou au niveau mondial, Mélanie de Biasio était en passe de figurer au palmarès des espoirs déçus, qui juste après un petit tour, s’en vont disparaître dans les abîmes du showbiz. Mais voilà qu’en 2013, c’est la divine surprise avec la sortie de No Deal, qui par son seul titre évoque le nouvel état d’esprit d’une Mélanie de Biasio enfin décidée à jouer le jeu d’un destin qui dépasse largement les frontières de son Plat Pays qui lui avait déjà décerné un disque d’or pour No Deal. Avec cet opus, Mélanie de Biasio prend le temps de nous révéler ses talents de story teller, nous entraînant dans son univers énigmatique fait d’ombres et de lumières, de contes tantôt tristes,tantôt empreints d’une joie exubérante qui trouve son expression dans de tonitruantes orchestrations qui ne sont pas sans de rappeler un certain John Coltrane.
Pour Mélanie, ses « compositions énigmatiques doivent prendre le temps de raconter à la manière d’un sketch où se trouveraient concentrés tous les états de la conscience. » Cette obsession de la « gravité légère » est perceptible dans la voix sinueuse de Mélanie de Biasio qui à l’instar d’une chanteuse de gospel sait nous atteindre au plus profond de nos êtres.
Sans oublier de nous faire swinguer à la manière d’un Elvis Presley dont elle reprend le torride Fever dans une version que le King n’aurait pas reniée. Car les capacités artistiques de Mélanie vont au delà du classique et embrassent non seulement le jazz, le gospel, le rock et même le reggae que Mélanie considère comme un des piliers de sa musique. L’album « No Deal » est incontestablement une claque musicale qui vient de là où on l’attendait le moins : de Belgique, un pays qui ne cessera jamais de nous surprendre musicalement. Zack Badji
Illustration: Régine Coudol-Fougerouse