MUSE

MUSE - illustration pour taba-saba

Quand Matthew Bellamy, Christopher Wolstenholme et Dominic Howard se rencontrent dans les années 90 au Teignmouth College dans le Devon (Royaume-Uni), ils ne s’imaginent pas qu’ils sont à l’orée d’une des plus fabuleuses épopées de la musique moderne. Les trois futurs Muse appartiennent alors à des groupes différents mais leur vision commune de la musique les pousse à se réunir pour créer le groupe Gothic Plague.

 Ils ont alors quatorze ans et des rêves plein la tête mais après plusieurs années de présence sur la scène de leur région, le groupe peine à se faire connaître hors du Davon. Mais le destin leur fait un clin d’œil sous la forme d’un concours musical comme il y en a des milliers chaque année en Angleterre. Les groupes qui y participent jouent du rock ou du funk, mais Matthew Bellamy et sa bande surprennent  l’auditoire avec un style qu’on nommera plus tard le gothic rock. A sa grande surprise, le groupe remporte le concours sans doute aidé par leur maquillage et l’agressivité dont ils font montre ce jour -là.

Les voilà lancés et pour marquer cette nouvelle ère, les membres du groupe décident de changer de nom. Ils s’appelleront désormais Muse, un choix que Matthew Bellamy explique par le fait que « ce nom est facile à mémoriser, court et on le retient bien ». Ce changement de nom coïncide avec leur volonté de faire de la musique leur métier, et pour se faire, les Muse arrêtent leurs études à l’université et commencent à écumer les clubs de leur ville natale et ses environs notamment le bar Le Cavern , dans la ville d’Exeter. Mais ces concerts s’ils permettent aux Muse de se faire mieux connaître, sont peu rentables et les trois amis sont obligés de travailler en parallèle.  En 1997, les Muse sortent un album intitulé Newton Abbot Demo composé de onze titres dont plusieurs seront repris dans leurs albums suivants.

Une rencontre décisive

Au cours d’une série de concerts de promotionnels à Manchester et Londres, les membres de Muse font la connaissance de Dennis Smith, le propriétaire de la maison de disques Sawmills qui les convainc de produire  leur premier EP, sorte de mini-disque qui permet aux producteurs de tâter le terrain avant la sortie d’un vrai album. Mais c’est la sortie du deuxième EP, Muscle Museum  qui va marquer un tournant dans la carrière de Muse en attirant l’attention du journaliste musical Steve Lamacq, qui publie un article fort élogieux dans le magazine New Musical Express.

Mais Denis Smith va aller plus loin en mettant sur pied la maison de disques Taste Media dans le but d’offrir aux Muse ce dont rêvent beaucoup d’artistes, à savoir la liberté de créer. La démarche semble pertinente puisque grâce à Taste Media, d’autres maisons de disques sont séduites par le son de Muse.

C’est Maverick Records qui va décrocher la timbale en signant Bellamy  et ses camarades, un contrat qui leur permet de faire des concerts aux Usa et de pénétrer le difficile marché américain.

De retour en Angleterre, Taste Media les fait signer avec d’autres labels européens  comme Motor Records en Allemagne, Mushroom Records au Royaume-Uni et Naïve Records en France. Désormais le pied à l’étrier, les Muse vont s’attaquer à la réaliser leur premier album, conscients qu’ils n’ont pas le droit à l’erreur eu égard à l’attente de leur public de plus en plus nombreux.

C’est en 1999 que cet opus sobrement intitulé Showbiz arrive dans les bacs. Produit par John Leckie(qui a travaillé avec de nombreux top groupes comme Radiohead), Showbiz fait l’unanimité et s’attire les dithyrambes des journalistes qui voient en Muse la relève tant attendue. Même des groupes mythiques comme Foo Fighters et les Red Hot Chili Peppers succombent à l’effet Muse et les invitent à faire leur première partie devant plus de vingt mille spectateurs.

Entre 1999 et 2000, Muse participe aux plus grands festivals européens, et donne des concerts au Japon et en Australie, faisant ainsi de plus en plus d’adeptes sur les cinq continents. Le 22 septembre 2003, Muse sort son troisième album, Absolution qui apparaît vite comme une confirmation puisqu’il se vendra à deux millions d’exemplaires dans le monde dont près de six cent mille en Angleterre, quatre cent mille en France  et cinq cent cinquante mille aux Usa. Cet album est surtout marqué par les notions de fin du monde et d’apocalypse, et beaucoup de spécialistes de Muse expliquent le côté sombre de Absolution par le fait qu’il ait été composé en pleine guerre en Irak et après les attentats du 11 septembre.  La tournée promotionnelle qui suit la sortie de Absolution va permettre à Muse de jouer dans les plus grands festivals  et de réunir pas moins d’un million de spectateurs.

Durant l’année 2005, on verra rarement Muse sur les podiums puisque Bellamy et ses potes ont décidé de s’offrir une pause bien méritée pour concocter leur futur album qu’ils annoncent comme une rupture d’avec ce qu’ils avaient fait jusqu’alors. C’est au studio Miraval, dans le sud de la France que les Muse vont s’enfermer pour peaufiner l’écriture de quelques chansons. Mais après des mois d’enfermement, la muse semble les fuir ce qui les pousse à quitter l’Hexagone pour les studios Avatar  et Electric Lady de New York où l’ambiance énergique de la ville les inspire davantage. Les Muse enregistreront ensuite au Office Meccaniche Studios en Italie et enfin au Townhouse Studios de Londres où ils bouclent la réalisation de leur nouvel album.

L’envol

En mai 2006, le single Supermassive Black Hole, issu du futur album est diffusé sur plusieurs radios. La différence d’avec les albums précédents est indiscutable puisque le single est un mélange de funk et de rock où Bellamy semble s’être inspiré de Prince.

Le 3 juillet 2006, Black Holes and Revelations, le quatrième album de Muse arrive dans les bacs et provoque chez les fans une certaine perplexité. En effet, le nouvel opus présente un mélange inédit de genres, avec des sonorités électroniques proches de ABBA, Queen, voire Depeche Mode. Mais ce moment passé, le public adhère au virage de Muse puisque l’album se vend à près de trois millions d’albums en l’espace de six mois, dont la moitié en Europe. Les Muse entament par la suite une tournée baptisée HAARP dont le point d’orgue restera sans doute le concert que donne Muse le 12 avril 2008 au Royal Albert Hall au profit de la recherche contre le cancer. Ce jour-là, l’émotion est à son comble vu la symbolique de l’événement, mais aussi parce que pour l’occasion, Matthew Bellamy joue sur l’orgue géant, inutilisé depuis des décennies. Au total, la tournée HAARP dure près de deux ans pour deux cents concerts partout dans le monde et envoie Muse dans le club très fermé des plus grands groupes de rock de tous les temps.

The Resistance ou la naissance d’une légende

L’enregistrement du successeur de Black Holes and Revelations arrive chez les disquaires le 14 septembre 2009. Intitulé The Resistance, cet album est sans doute le plus ambitieux projet musical des Muse depuis leurs débuts. En effet, un orchestre a été nécessaire pour certains morceaux contenant des influences classiques en plus du fait que Bellamy, désireux de « s’approprier » les arrangements des parties instrumentales, décide de faire lui-même les arrangements. Le pari semble payant puisqu’un mois et demi après la sortie de Resistance, Muse annonce avoir vendu un million et demi d’exemplaire. La tournée de promotion du nouvel opus est tout aussi réussie puisque Muse fait le plein lors des trente dates que comporte le Resistance Tour. Pour avoir une idée de l’engouement du public, il faut savoir que Muse a vendu les 80 0000 places du Wembley Stadium en seulement douze minutes !

Des kilomètres et un peu de repos plus tard, Muse retourne en studio pour l’enregistrement de 2nd Law le sixième album de Muse. Il arrive trois ans après Resistance d’où une petite appréhension puisque cette fois-ci, Muse va revoir ses ambitions à la baisse en matière de grandiloquence et essayer de trouver « un son plus terre à terre », dixit Wolstenholm, le bassiste du groupe. Bellamy va même plus loin en annonçant que Muse ne jouera plus dans des méga stades comme Wembley ou le Stade de France afin de  renouer avec quelque chose de plus intime. Bellamy souhaite aussi explorer d’autres univers comme la musique asiatique, celle du Japon en particulier. Nobles intentions, mais le public ne risque-t-il pas d’être déboussolé par ce virage systématique et rejeter  The 2nd Law ? La réponse a cette question tombe le 6 août 2012 quand sort dans le monde entier Madness, le premier single extrait du nouvel album. Encore une fois c’est un carton puisque The 2nd Law se classe dès la première semaine numéro 1 des ventes dans une dizaine de pays et atteint pour la première fois de l’histoire de Muse, la plus haute position des ventes mondiales d’albums au bout d’une dizaine de jours. Et comme si un bonheur ne venait pas seul, puisque le groupe est choisi pour composer l’hymne officiel des Jeux Olympiques de Londres en 2012. Que demander de plus me diriez-vous ? Et bien rien sinon que Muse est maintenant confronté à un sérieux challenge qui l’oblige à maintenir le niveau de leurs productions après des bijoux comme Panic Station ou Follow Me. Mais Bellamy et cie ont prouvé qu’ils avaient plus d’une idée derrière la tête, et la dernière en date ne surprendra personne vu la mégalomanie et la démesure revendiquée de ces  messieurs : les Muse veulent être les premiers à jouer dans l’espace, et des pourparlers seraient déjà en cours pour que ce concert inédit se déroule à bord du vaisseau du milliardaire Richard Branson ! Ce projet verra-t-il le jour ? Wait and see. Pour le moment, Muse est en train d’envoyer dans les méandres de notre mémoire des mythes comme les Beatles les Rolling Stones tant l’intelligence musicale de Bellamy et ses potes semble donner naissance à une culture mondiale commune qui transcendent les frontières. Zack Badji

ilustration: dessin de Régine Coudol-Fougerouse

https://youtu.be/RS2WvsYFgLA

 

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