Nneka
Nneka est née en 1981 au Nigéria, dans la petite ville de Wari. Elle entre en musique comme on entre dans les ordres. Ce parti pris découle sûrement de sa foi profonde et probablement du fait que c’est dans l’église de sa ville natale qu’elle a poussé très jeune ses premières vocalises. Nneka dit d’ailleurs : « les seuls moments où je me sens encore en sécurité sont ceux où je chante et quand je me tourne vers Dieu ». De son vrai nom Nneka Lucia Egbuna, elle est la fille d’un père nigérian issu de la région du Delta et d’une mère allemande, un métissage facilement perceptible dans sa musique tant Nneka fusionne la musique africaine avec des sonorités purement occidentales comme le hip-hop ou la trip pop : « je ne me réveille pas en me demandant quel mix je vais faire. La fusion est naturelle et ne s’explique pas,c’est moi,point final !,explique-t-elle.
A l’âge de 18 ans, elle quitte le Nigéria et s’installe a Hamburg où elle poursuit des études d’anthropologie tout en continuant de se produire sur de petites scènes. En 2003, Nneka entame une collaboration avec le beat maker de hip hop DJ Farhot,mais c’est sa prestation en première partie du chanteur de dancehall jamaïcain Sean Paul que Nneka va se révéler au grand public. Ce jour-là, le public Stadtpark est subjugué par l’énergie et la voix inclassable deNneka au point où il va battre le rappel trois fois. Le feu vert était donné. Après avoir terminé l’enregistrement de son EP, The Uncomfortable Truth,elle enchaîne avec une tournée en Allemagne, Autriche et Suisse en compagnie de son ami Patrice dont elle assure la première partie.
En septembre 2005, le public découvre le premier album de Nneka et tombe tout de suite sous le charme tant l’album« Victim of the Truth » représente une soul plurielle avec comme valeur ajoutée le militantisme du reggae, la rage du hip hop sans parler du côté souvent sombre du Trip Pop. Nneka réussit avec une grâce étonnante la gageure de passer d’une profonde et intense ballade comme le morceau « Confession » ou à des paroles « rappés » comme « Stand strong » où elle retrouve un style dont elle s’est toujours réclamée en bonne fan de Lauryn Hill qu’elle considère comme une de ses sources majeures d’inspiration. La plupart de ses paroles(comme dans Material Things) invitent à la réflexion et à l’engagement puisqu’elles sont l’écho d’une souffrance et d’un dénuement qu’ Nneka a le loisir d’observer dans son pays tant « le pouvoir politique semble avoir oublié le peuple, obnubilé par une course sans fin vers les biens matériels ». Cet engagement sincère et sans faille aux côtés des plus démunis semble avoir fait mouche puisque Nneka est partout attendue cette année. Authentique et éclectique au possible, passionnée et talentueuse à souhait, Nneka s’est dores et déjà positionnée comme l’une des têtes de pont de la nouvelle scène mondiale. Et on peut penser que le meilleur reste à venir. Zack Badji
Illustrations : Régine Coudol-Fougerouse