Peter Cincotti
Peter Cincotti est un ce que l’on pourrait appeler un passeur de mondes tant chacune de ses chansons est une histoire humaine, une intrusion dans un univers inconnu. Avec une grâce et une apparente désinvolture qui rappellent Fred Astaire ou Franck Sinatra, Cincotti nous ramènenttrès loin dans l’Histoire, en ces temps révolus où New-York bruissait encore de mille influences et semblait être le terreau le plus fertile où puisse s’ébattre un musicien. Car d’une certaine façon, Peter Cincotti conjugue le nouveau et l’ancien, construit des passerelles en apportant des arrangements furieusement pop ou funky à son jazz festif, recréant des ambiances savoureusement surannées, à tel point qu’il est parvenu à intéresser les jeunes, une frange généralement réputée peu sensible au jazz.
Mais pour flirter si intelligemment avec les styles et les ambiances, un solide background musical solide était toutefois nécessaire, mais cela, Peter Cincotti semble le posséder dès sa naissance à Park Avenue au cœur de Manhattan le 11 juillet 1983. En effet, il se met au piano à quatre ans, et se révèle plus que précoce au point de taper dans l’œil du désormais légendaire Harry Connick Jr, qui est époustouflé par le talent du jeune Peter quand il le voit pour la première fois dans un show à Atlantic City. Frappé par le talent naturel de Cincotti, le grand crooner l’encourage à s’inscrire à la Manhattan School où il va avoir comme professeur un certain Ellis Marsalis. Le résultat est immédiat puisqu’à douze ans seulement, Cincotti devient l’un des plus jeunes professionnels de l’histoire de la musique et commence à jouer dans les clubs new-yorkais, et honneur suprême, se produit à la Maison Blanche alors qu’il n’a que quatorze ans. En 1999, Peter commence à se produire avec son propre groupe, et un an plus tard, remporte le prix du public du Montreux Jazz Festival en interprétant Night in Tunisia de Dizzy Gillespie d’une manière qui bouleverse public et jury.
Après d’autres diplômes prestigieux obtenus à Columbia et à L’Horace Mann School, Peter Cincotti devient en février 2002, à 18 ans, le plus jeune artiste de la prestigieuse Oak Room de l’hôtel Algonquin à New-York. Il n’en fallait pas plus pour attirer l’attention des maisons de disques, et après une bataille de positionnement feutrée mais féroce, c’est Concord Records qui remporte la timbale et produit le premier album éponyme de Cincotti en mars 2003. Produit par Phil Ramone, producteur de Billy Joel ou Elton John, cet opus rassemble des standards de jazz auxquels s’ajoutent quelques compositions de Peter. Grâce à la qualité de son premier album et à une pesse dithyrambique, il se produit alors une chose jamais vue auparavant, puisque Cincotti établit tout bonnement un nouveau record en devenant à 19 ans le plus jeune musicien à prendre la tête du classement jazz Billboard . Mais c’est son deuxième album On the Moon qui va stariser Cincotti en débutant numéro deux dans les charts jazz, lui valant par ailleurs son premier disque d’or en France. Après une tournée triomphale, Peter fait une parenthèse cinématographique quand il se voit confier un petit rôle dans le film Beyond the Sea de Bobby Darin et fait une intéressante apparition dans Spider Man 2, dans lequel Cincotti campe le rôle du pianiste dans le Planétarium.
Alors que les plus taquins se demandent si Cincotti n’a pas cédé aux sirènes de Hollywood au détriment de la musique, Peter va infliger au Monde une vraie baffe musicale en sortant fin 2007 East of Angel Town, son troisième album. Abordant des thèmes comme le monde séduisant mais sulfureux de Los Angeles(« Angels Town »), les rapports homme /femme dans la société actuelle («Be Careful »), Cincotti avec son élégance naturelle, donne au jazz un visage de plus en plus populaire, lui qui pense que « le jazz est né dans la rue et doit y retourner » .Zack Badji
Illustration: aquarelle de Régine Coudol-Fougerouse