SIA
Même si le monde de la pop ne jure plus que par elle, il aura fallu pratiquement vingt ans de persévérance à Sia Furler pour se faire une place au soleil.
Fille de célèbres musiciens de rockabilly, Sia vient au monde le 18 décembre 1975 à Adélaide, dans la partie méridionale de l’Australie. Très vite, elle démontre une passion dévorante pour la musique et c’est très naturellement qu’elle fait ses débuts au sein du groupe australien Crisp au début des années 90. Reconnue dans son pays pour ses talents de choriste, les tentatives de Sia pour entamer une carrière solo se révèlent infructueuses. Sia rêve en plus grand et décide de s’envoler pour l’Angleterre.
Nous sommes en 1997 et le landerneau musical anglais se met tout à coup à bruisser du nom de cette australienne au timbre de voix et à l’intensité vocale hors-normes. Sia va se alors collaborer avec des artistes comme Jamiroquai, William Orbit ou Zero7 avec qui Sia produira trois albums.
Il faudra attendre l’année 2000 pour voir Sia produire son propre single intitulé Taken for Granted qui atteint une modeste centième place dans les charts australiens, mais divine surprise, se hisse à la dixième place au Royaume Uni ce qui a pour effet d’attirer l’attention du public européen qui voit arriver dans les bacs le premier album solo de Sia en 2001.
Même si le succès de Hearing Is Difficult n’est pas phénoménal, il permet à Sia d’apparaître enfin dans la lumière quand le réalisateur de la célèbre série Six Feet Underdécide de choisir son titre Brathe Me pour illustrer la scène finale. Le buzz est immédiat, ce qui permet à Sia de faire une tournée de promotion presque triomphale de telle sorte qu’en 2008, l’audience américaine de Sia s’est tellement développée que son troisième album Some People Have Real Problems débute à la 26ème place, ce qui n’est pas une mince affaire dans le contexte hyper concurrentiel des Usa.
Cela donne évidemment des idées à Sia qui, en 2009 refuse de travailler sur le nouvel album de ses complices de Zero 7 pour se consacrer entièrement à une carrière solo. Avec l’aide du bassiste Sam Dixon, Sia va définitivement prendre son envol, surtout en écrivant plusieurs chansons de l’album Bionic de Christina Aguilera paru en 2010. Sans oublier d’écrire des chansons pour elle-même, notamment le titre We are Born, qui atteint la deuxième place des charts australiens et reste, jusqu’au moment où nous parlons , le titre le plus populaire de Sia dans le monde. Mais Sia va subir le revers de cette médiatisation soudaine, et se supportant mal la pression,Sia va se réfugier dans des paradis artificiels, commettant au passage une tentative de suicide dont elle réchappe miraculeusement. C’est le coup de fil d’un ami qui va finalement la convaincre d’entamer une cure de désintoxication. Après sa sortie de l’hôpital, Sia va passer les quatre années suivantes à écrire des chansons pour Madonna, ses amis de Marron 5, Britney Spears, Beyoncé ou Rihanna pour qui elle écrit le mega tube Diamonds.
Ce n’est qu’en 2013 que Sia s’attelle à l’écriture d’un nouvel album qui paraît en juillet 2014, mais dans le contrat qui la lie à la maison de disques RCA, Sia obtient de ne pas avoir à aller en tournée et de ne pas parler à la presse, ce qui constitue une première dans l’histoire de la musique. Lors de sa première apparition promotionnelle dans l’émission d’Ellen Degeneris, Sia va d’ailleurs chanter le dos au public, provoquant un buzz incroyable autour de celle que certains surnomment déjà « la chanteuse la plus mystérieuse du monde ». mais Sia Furler déchaîne tant les passions, c’est qu’elle porte à elle seule l’histoire de la musique alternative, comme un pont entre les années disco et les nouvelles musiques urbaines. Mais aussi et surtout parce qu’elle chante comme si c’était la dernière fois, et cette sincérité transpire dans sa musique, faisant d’elle l’une des artistes les plus authentiques de son temps. Zack Badji
Illustration: aquarelle de Régine Coudol-Fougerouse