YOUN SUN NAH
Youn Sun Nah a de qui tenir. En effet, elle naît en 1969 d’un père chef d’orchestre et d’une mère cantatrice qui l’initient très tôt à l’art vocal. Aussi, c’est tout naturellement qu’elle embrasse une carrière de chanteuse à l’âge de 23 ans avec le Korean Symphony Orchestra, et tout de suite, Youn fait l’unanimité en Corée où elle décroche de nombreux prix. Devenue une vraie star dans son pays, elle fait le grand saut en 1995 et arrive à Paris où elle s’inscrit au CIM, alors seule école de jazz de la capitale française, mais aussi à l’Institut National de Musique de Beauvais et au célèbre Conservatoire Nadia et Lili Boulanger.
A l’âge où les filles se trémoussent sur du Britney Spears ou du Madonna, Soun Nah opte pour le jazz et écume les clubs spécialisés entre 1996 et 1997. Ses prestations tapent dans l’oeil du contrebassiste Jacques Vidal qui la convie sur son disque « Ramblin » en 1999. Youn n’en oublie pas pour autant sa terre natale puisqu’elle continue de se produire en Corée tout en trustant les premiers prix de prestigieux concours de jazz français comme La Défense, Saint- Maur ou Monmartre.
Entre 2000 et 2006, elle se montre très prolifique puisqu’elle enregistre quatre disques et se produit dans de nombreux festivals en Europe, en Australie et en Corée du Sud. Il faut attendre 2003 pour que son talent soit reconnu par le grand public et les médias coréens qui lui décernent le Prix de la Meilleure Artiste de jazz de l’année.
La presse française quant à elle ne tarit pas d’éloges à son égard lorsque Youn sort son premier album européen sous le label Socadisc. « So I am. . . », c’est le titre de cette livraison, fait l’unanimité sous la plume des chroniqueurs musicaux de l’Hexagone qui voient en Youn « l’une des chanteuses les plus singulières de la nouvelle génération ». Il serait fastidieux d’énumérer les récompenses qu’elle décroche avec « So I am » mais celle du Grand Prix du Jury lors du festival Jazz à Juan Révélations 2005 et celle de Meilleure Jeune Artiste de Corée pour la même année méritent d’être citées.
Entre 2005 et 2006 son quintet, qu’elle compose avec David Georgelet, Benjamin Moussay, Yoni Zelnik et David Neerman sillonne la quasi-totalité des cinq continents à la recherche de nouvelles sensations car les voyages sont pour elle « une source inépuisable de renouvellement ». Les fruits de cette tournée sont mûrs en 2007 lorsque Youn retourne en studio et livre au public « Memory Lane », un album beaucoup plus éclectique qui s’éloigne un peu du classic jazz pour explorer un registre plutôt pop et l’on découvre alors l’étendue des possibilités vocales de la « princesse du Matin Calme ».
En 2009, elle signe avec le label allemand ACT, ce qui lui permet de se frotter à des musiciens comme les suédois Ulf Wakenius et Lars Danielsson, le norvégien Mathias Eck et le français Xavier Desandre Navarre. Cette collaboration avec ACT est plus que bénéfique puisqu’elle offre à Youn de nouvelles perspectives et elle commence à tourner de plus en plus en Europe notamment avec le nouveau duo guitare/voix qu’elle forme avec Ulf Wakenius que le public français a eu l’occasion de découvrir lors du festival Rhino Jazz en 2010.
Un mois après son triomphe dans ce même festival, Youn décroche la timbale puisque Barack Obama en personne l’invite à chanter à la Maison Blanche avant que la présidence coréenne ne la décore du titre de Chevalier des Arts et des Lettres. Fin 2010, elle sort un nouvel album « Same Girl » sur le label allemand ACT. Comme si tout ce que Youn touche se transformait en or, l’album est distingué par la presse (« Choc », Jazz Magazine, Citizenjazz.com entre autres) et se place en tête des meilleures ventes d’albums de jazz en France durant tout le mois d’octobre.
Le 12 janvier 2011, « Same Girl » est récompensé par l’Académie de jazz qui lui remet le Prix Mimi Martin du Jazz Vocal 2010. L’album figure aussi parmi les quatre finalistes dans la catégorie Grand Prix de l’Académie qui récompense le meilleur album de jazz. Avec sa voix sublime voix et son ouverture au monde, Youn Sun Nah est une bouffé de fraîcheur venue du pays du Matin Calme et n’a pas fini de tout rafler sur son passage. ZACK BADJI
Illustration: lavis au « brou de noix » de Régine Coudol-Fougerouse